Le GR 20 , c'est fait !
Voici un petit résumé de notre aventure.
Tout d'abord , quelques chiffres :
Nous avons parcouru 172 kms , de Calinzana à Bavella ( nous avons volontairement supprimé la dernière étape de Paliri à Conca , pas la plus intéressante avec uniquement de la descente , et avons ainsi gagné une demi-journée , mise à profit pour se reposer à Ajaccio - plage, bistros , musée)
La dénivelée totale positive : 11410m
La dénivelée totale négative: 10467 m
heures totales de marche ( y compris les petites pauses) : 59 heures ( soit 7jours et 19heures entre le début et la fin de la rando )
Age des participants : 243 ans à quatre ( Jean Claude, Jean phi, Coco, Bruno)
Poids de mon sac à dos ( 20litres) : 450g vide , 7.5kgs chargé ( sans l'eau )
Le détail jour par jour :
J1 : départ de Toulouse à 12h , arrivée à Bastia vers 13h 30. Taxi jusqu'à Calinzana. Début de la marche vers 16h , en pleine chaleur ( 34°) et arrivée au refuge d'Ortu 4h27 plus tard. Belle montée , , un premier petit passage " escalade" , rien de bien méchant.
J2 : aujourd'hui , on double : Ortu vers Carozzu , puis Ascu. La première étape est superbe , toute tracée en serpentant sur une ligne de crête , assez technique. Arrivée à Carozzu au moment d'un héliportage ; on boit un coca et on se barre très vite , compte tenu de l'accueil lamentable des gardiens . On enchaine l'étape suivante , pour arriver à Ascu après une dernière descente éprouvante , pentue , technique. Là par contre , l'accueil à l'hôtel Le Chalet est excellent et nous profitons pleinement de la fin d'après midi pour buller , faire une petite lessive et discuter.
J3 : après une montée tranquille mais prudente sur la fin pour cause de gros névés pentus et gelés , nous traversons le cirque de la Solitude ,passage austère et impressionnant pour qui a peur du vide . En réalité , il faut être vigilant ( tu lâches la chaine , t'es mort ! ), mais ça n'a rien d'insurmontable.
le secret pour réussir le GR sans se défoncer le dos : un petit sac léger , avec le strict minimum .


Nous passons seulement 1h et 20 minutes dans le cirque ( dont 10 minutes de pause photo/barres de céréales) , car , partis très tôt et ayant doublé tous les groupes avant le sommet , nous sommes quasiment passés les premiers sur les chaines descendantes , et n'avons pas trop été gêné sur la remontée par les groupes effectuant le trajet en sens inverse . C'est une étape courte , et après un bref arrêt à Tighjettu , nous enchainons vers Ciotullu puis Castel de Vergio ( en fait , cela fait 2 étapes un tiers dans la journée) . Moins intéressante , cette seconde partie de journée va nous permettre tout de même de faire une belle halte avec baignade ( pour Jean Phi et moi) dans de magnifiques vasques du torrent Golo. Après 11h de "balade" ( dont 9h de marche pure ) , nous arrivons à Castel de Vergio, petite station de ski ou j'avais réservé 4 places en demi pension au gite de l'hôtel. Bien pratique pour passer une soirée agréable, prendre une bonne douche réparatrice, faire la lessive et les quelques courses en vue du pique nique du lendemain. Nous ne marchons que depuis 2 jours et demi , et avons fait plus de 5 étapes , 60kms et 4500 m +: Nous réalisons alors que nous nous sommes sous-estimés , que nous pourrions boucler le trajet total plus vite que prévu , tout en profitant des paysages , en s'arrêtant dans une bergerie le midi pour une petite omelette , en se posant quelques minutes au bord d'un torrent pour une trempette ( fraiche ). Nous modifions donc le planning , en avançant une réservation de refuge l'avant dernier jour : on triplera les étapes 12/13 et 14, et on gagnera une journée complète sur la plage d'Ajaccio !

J4 : aujourd'hui c'est vacances : 16 kms sans grosses montées ni descentes; étape très roulante qui nous amènera au refuge de Manganu , après un très beau passage au bord du lac de Ninu.
J5: grosse journée en perspective, étapes 7 et 8 : passage par la brèche de Capitellu , le sommet esthétique et technique du GR ; beaucoup de neige , sortie des crampons par sécurité, passages très aériens ,paysages somptueux: "the " étape !! Le temps est splendide , on se régale .
Grosse descente bien cassante sur Pietra Piana , effectuée en version trail par Jean Claude et moi ( le premier qui cède est un dégonflé! ) On a les muscles des jambes bien chaudes quand on s'arrête au refuge , pour boire un coca ( ou une bière) et acheter de quoi manger ... surprise , quand il nous voit arriver , le gardien ferme la porte !!encore un bel exemple de l'accueil par le personnel du parc naturel : des brutaux malpolis, qui se foutent des "cons de touristes ". Nous serons obligés de faire l'étape suivante vers Onda , avec dans le ventre seulement 2 barres de céréales par personne . Cette étape est totalement inintéressante( par rapport à la précédente ), car nous avons suivi le nouveau tracé du GR , au lieu de passer par les crêtes qui sont parait -il très belles ( erreur de notre part , dictée par nos estomacs , qui espéraient trouver dans la vallée une bergerie accueillante avec du fromage et de la charcuterie de pays !)
en descendant de la brêche
J6: Encore une petite étape aujourd'hui ( typiquement , c'est à ce moment qu'il est possible de gagner une journée). Nous passons une nuit sous tente à Onda , avec un vent glacial et très fort. La montée vers la Punta Mutarelu ( 2141m ), s'effectue sur une ligne de crête balayée par un vent violent , et partiellement dans les nuages. Malgré tout , le paysage est très beau. Puis nous descendons vers Vizzavona , ou nous arrivons à 11h du matin . Nous prenons nos chambres à l'hôtel " Monte d'Oro" , vieillot mais propre , et descendons au "village" ( à la gare , en fait ) ou nous prenons le temps de déjeuner au buffet de la gare ( bon plan) . L'après-midi est consacrée à discuter avec d'autres randonneurs , déjà rencontrés plus tôt à Onda , et à la sieste.





J7: Départ tôt pour une double étape de 33 kms , qui nous mène jusqu'à Prati , en passant par Capanelle. Nous marchons en compagnie de Florent , un jeune rencontré deux jours plus tôt , qui marche à notre rythme malgré un sac à dos bcp plus lourd que les nôtres .De Vizzavone à Capanelle , j'appelle ça une étape rando , beau paysage , assez facile . Puis de Capanelle à Prati , de la distance ( 19 kms ) , pas passionant sans pour autant être moche ; seule la dernière ascension est spectaculaire , avec notamment une arrivée sur un col ( bocca d'Oru) où l'on aperçoit la côte est et la mer. Très agréable accueil d'une jeune gardienne ( sans doute pas corse! ) au refuge . ça change et ça fait plaisir !






J8: Encore une longue journée en perspective avec les étapes 12, 13 et 14 du GR. en milieu de journée , l'orage monte , nous avons juste le temps de grignoter et d'enfiler les ponchos , avant le déluge de pluie et de grêle . Nous empruntons l'ancien tracé du GR , montons au sommet de l'Incudine , et plongeons au final sur le refuge d'Asinau par une descente pentue , sur de grandes dalles mouillées, ou les glissades peuvent se transformer en sérieux soucis ( nous doublons un pauvre randonneur solitaire paralysé de peur ) . L'accueil au refuge est bourru mais correct. Il n'en sera pas de même le lendemain matin quand il faudra démonter notre tente D4, ou le gardien la jouera " tête de con" , refusant de nous expliquer la méthode de pliage . Ayant payé une caution de 20 € , je le menace de me barrer avec sa tente de merde, ça ne lui fait ni chaud ni froid.

J9: on a presque fini , il nous reste juste à traverser les aiguilles de Bavella , par la variante alpine: 3 heure de marche/escalade tranquille avec de très beaux paysages , pour rejoindre le col de Bavella, ou nous déjeunons avant de prendre un bus qui nous déposera à Ajaccio en fin de journée.
J10 : farniente à Ajaccio
J11 : décollage à 8h du matin pour Toulouse.
Pour résumer : magnifique semaine , pleine de belles images , de très bons moments passés à discuter avec toute sortes de gens rencontrés sur le chemin : des jeunes , seuls ou en couple , des "vieux" , seuls ou aussi en couple ou en groupe, des randonneurs lents ( avec de gros sacs, et souvent pas très habitués à la montagne, ce qui ne les empêche pas de faire la route et de l'apprécier), des traileurs rapides ( voire ultra-rapides , les 16 étapes en 4 à 6 jours ) , des étrangers ... c'est aussi la magie du GR.
La formule que nous avions choisie ( que je qualifierai de luxe , avec 3 hôtels sur 8 nuits , sans nourriture à préparer le soir ) , nous a permis de partir avec des sacs légers , malgré tout l'équipement nécessaire pour la sécurité, et donc de ne pas fatiguer inutilement avec de lourdes charges. Nous avons cependant vite supprimé les petits-déjeuners dans les refuges ( hors de prix et mauvais) : nous nous faisions chauffer de l'eau (tous les refuges sont équipés de gaz et de casseroles à la dispo des randonneurs) et un sachet de thé plus un paquet de petits gâteaux faisait l'affaire. Il est même possible de faire de même le soir , en achetant simplement au refuge un paquet de pates et de la sauce tomate( cela revient bien moins cher que le repas payé souvent 20€ , et c'est aussi nourrissant !)
En tout cas , il y a plein de manières de "faire le GR" : à chacun de se construire son aventure selon ses rêves et ses désirs !
En montant vers le cirque de la Solitude : premier gros névé à traverser
le lac de Capitellu , vu de la brêche