Pleine réussite pour mon défi de l'année : participer et terminer le GRP120.
Depuis quelques années , ça ne m'amuse plus faire des courses courtes et rapides sur le bitume ... parce que je suis de moins en moins rapide ! Et donc le trail en haute montagne répond à cette envie de défis plus exaltants. Nous avons , Cathy et moi, commencé à courir en montagne en 2003 , sur de courtes ou moyennes distances ; en 2012 , je participe à l'Euskal raid , 2 fois 50 kms sur 2 jours , où je découvre vraiment comment on peut aller chercher de l'énergie pour avaler de la longueur et de la dénivelée. En 2013 , c'est le GRP 80kms , terminé en bon état et dans l'euphorie d'une première " victoire ". Cette année , il fallait franchir la barre des 100kms . Je me suis donc motivé et préparé pour cet objectif. Voici un petit récit du parcours :
Jeudi 21 aout : arrivée à Vielle Aure en fin d'après-midi , récupération du dossard , briefing d'avant course , et je me retrouve vite sous ma petite tente pour une nuit pendant laquelle je ne somnolerai pas plus d'une heure ou deux.
vendredi matin 6 heures , lever ,petit dej sous la tente ( il pleut ! ) et je monte dans le bus pour Piau avec 400 autres coureurs dont beaucoup sont comme moi , pas trop rassurés par le programme des prochaines heures . De plus la météo est franchement mauvaise , pluie , brouillard , vent ; pas de quoi redonner de la confiance !
A 9 h , c'est parti ! Je pars très prudemment , obsédé par l'idée qu'il ne faut pas se faire mal dès le début car la route est longue. J'ai pas mal bossé sur le profil du parcours , et j'ai réparti les 120 kms en 5 zones ; mentalement je prévois de me faire 5 courses de suite , les unes après les autres, pour éviter de se fixer un objectif trop lointain . Et j'avale le premier secteur ( 25 kms jusqu'à Gèdre ) en 4h55 au lieu des 5h25 que j'avais 'budgété".La météo est assez immonde , mais j'ai bon moral , jusqu'à la première gifle d'une grosse défaillance dans la montée super raide jusqu'au plateau du Coumély.
un poil de ciel bleu , une vue sur le cirque d'Estaubé
Je laisse passer au moins 20 coureurs , mais je "positive" et je récupère un peu après le lac des Gloriettes , dans la montée de la Hourquette d'Alans , puis je me fais une super descente ( j'adore ! ) vers le cirque de Gavarnie ; je gratte alors un paquet de places, fais un mini- stop au refuge des Espuguettes pour remplir mon camelback et boire une petite soupe .
gavarnie , temps bouché
La lecture des classements intermédiaires me révèlera plus tard que , passé 326/493 au premier CP à Piau , puis 322eme à Gèdre , je suis 308 au pointage du cirque et 299eme à Gavarnie , gros ravitaillement où je mange bien ; il est 20h30 , je suis dans les clous après 50 kms , et je prends le temps de me préparer mon "pijama " pour la nuit , un maillot sec, un corsaire long , resserrer les chaussures , mettre la frontale , charger 2 ou 3 barres dans une poche facile d'accès... et j'attaque la troisième section avec un groupe de 5 ou 6 coureurs. Ca y est , il fait nuit, et les premières minutes sont difficiles : ça monte beaucoup , ça glisse dans tous les sens , on ne voit rien , ni les racines , ni les cailloux glissants , la frontale n'éclairant que le brouillard à couper au couteau. Mes compagnons multiplient les chutes , mais moi , je glisse , je rattrape , je lève bien les pieds , et je passe sans encombres les premiers kilomètres avant que les yeux ne s'habituent au flou de la situation. La progression est très lente, non seulement le chemin est étroit , mis il est aussi facile de rater une balise , et plusieurs paires d'yeux ne sont pas de trop pour repérer le chemin. Malgré tout , je profite des nombreuses descentes pour sauter de groupes en groupes et arriver au CP de Bué en bon état et en ayant gagné 30 places ! La suite est encore compliquée avec la dure montée vers Arrode , le passage au bord du vide avec cables et main courante , puis une grosse descente dans un cloaque vers Sia . Chemin ? torrent de boue ? j'hésite ! Enfin , à 4h30 du matin , j'arrive à la base vie de Esquièze, où je vais prendre le temps de me changer de la tête aux pieds ; je n'arrive pas à manger , à part un bol de soupe , mais je stocke dans les poches du pain et du fromage , pour la suite. Je repars en 200eme position; j'ai encore un peu doublé , mais il y a aussi au moins 40 personnes qui ont abandonné. Je sens que je vais aller au bout , en tout cas , j'en ai une furieuse envie ! Je monte peinard , et longtemps tout seul , la vallée jusqu'au dessus de Barèges , ou je retrouve quelques coureurs quittés plus tôt dans la nuit , ainsi que des coureurs du GRP160 qui eux avancent plus vite ( ils sont dans les 50 premiers de leur course). Le jour se lève , et on sent que la météo sera moins merdique dans les prochaines heures , il fait doux et c'est sûr , j'irai au bout ... Je repars de Tournaboup, dernier gros ravito ,180eme , je connais la longue montée vers la Hourquette Nère et toute la fin du parcours ; ça va le faire ! A midi , je passe la hourquette , photos , un petit arrêt de 3 minutes couché dans l'herbe pour reposer le dos qui commence à dire stop. Il me reste juste ma dernière "section" , environ 20 kms , et je serai "ultratrailer".
descente vers l'Oule.Le gourg nere en contrebas.( Photo de pedibuspyrenées )
J'attaque la descente vers le lac de l'Oule, que je sais être longue , pleine de pièges; je ne vais pas vite , mais personne , à part les premiers du GRP80 qui vont 2 fois plus vite que moi, ne me double.
Arrivé au CP de Merlans , j'appelle Nico qui a prévu de m'attendre au col de Portet et descendre avec moi sur les 12 derniers kms... mais en quittant le ravito , je l'aperçois qui arrive avec , surprise , Cathy , qui vient de faire 250 kms pour m'aider à finir ! Finalement , seule Cathy m'accompagne dans la descente , où je commence à coincer , j'ai du mal à tenir un rythme décent en marche active , et trottiner est encore plus compliqué.
Malgré tout , sur le trajet Merlans-arrivée , je mettrai 2h20 soit 20 minutes de moins qu'en 2013 sur le 80. Les derniers mètres sont fabuleux , je rentre dans Vielle Aure , un virage , je sais que le tapis rouge est juste après , je lève les bras , pas sûr que mes pieds touchent la moquette tant ça plane !
31h49, ,pas le temps que j'espérai, mais pas grave , je suis au bout ! Nico et Amaia sont là , Rolande et Marc m'ont fait la joie de venir , la vie est belle !
Oui , je suis bien fatigué à l'arrivée; je sais ce que veut dire se vider les tripes : j'ai vraiment eu cette sensation, dans les dernières heures , de ne plus rien avoir dans le ventre . Mais je pense que je m'étais bien préparé , avec des courses de 25 à 50 kms en montagne dans les 4 mois précédents , avec des kilomètres avalés sur le plat à la maison mais avec du fractionné , avec un peu de PPG , une bonne diététique et une perte de poids raisonnable le dernier mois ; et la tête savait qu'il faudrait tenir quand les jambes faibliraient. Ce qui m'a manqué, c'est quand même un peu de dénivelée ( je coince dans les montées raides ou il faut vraiment pousser sur les quadriceps) , c'est aussi de l'expérience pour mieux gérer les arrêts , mieux anticiper les zones difficiles ( typiquement sur cette course , la section Gavarnie/Esquieze , ou il était impossible , en passant entièrement de nuit et dans le brouillard ,de marcher au rythme que j'espérai). Bilan : 176eme sur 493 inscrits , mais seulement 235 arrivants. Pas trop mal quand même !
La suite ? Du repos cet automne, et puis pour l'année prochaine , je tente l'inscription à l'UTMB ( bientôt 60 ans , c'est maintenant ou jamais ! ) . On adaptera le reste du programme si je suis pris ou pas.
une video qui résume les 3 courses ( 80, 120 et 160 kms ):







