Voyage en terre presque inconnue...
Voilà l'un des plus beaux voyages que j'ai effectués... Beau par les paysages , fort par l'histoire de ce pays , émouvant par les gens rencontrés.
Depuis longtemps , je rêvais d'aller un jour en Ethiopie . Et puis nous en avons parlé , et puis nous l'avons fait . Et nous n'avons pas regretté. L'Ethiopie de 2012 , ce n'est plus l'image que nous avons dans la tête depuis les années 80. Le pays a beaucoup bougé , surtout depuis 1995 et l'arrivée d'un premier ministre qui a réussi à lancer le pays vers la voie du développement. Bien sûr , cela reste un pays globalement très pauvre ,mais pas sans espoir ni perspectives. Voici un "road-book "sommaire de notre séjour de 14 jours :
Partis de CDG le soir , nous arrivons à Addis Ababa par le vol Ethiopian vers 8h du matin.Nous sommes accueillis par Amanuel , notre guide qui se révélera un remarquable relais pour nous faire connaitre le pays, son histoire, son passé , son présent , mais aussi son futur. Notre première visite sera pour l'eglise orthogonale de Raguel , sur les collines d'Entoto ( à 3200m ). Puis nous déjeunerons dans le centre d'Addis, rendrons visite à Lucy, notre vieille mamie , au musée archéologique, traverserons le grand marché ( mercato) avant de retourner récupérer à l'hôtel.
Jour 2: départ à 5h du matin de l'hôtel.Il fait nuit à Addis , il fait froid , et dans les phares du minibus qui nous emmène à l'aéroport , nous apercevons des coureurs s’entraînant par groupes de 4 ou 5 ou seuls . ça court , et vite , en côte , à 2400 m d'altitude , dans le noir et le froid. Pas surprenant de voir après ça que les podiums sont souvent occupés , en athlé , par les coureurs éthiopiens !Après une petite heure de vol , nous arrivons à Bahar Dar , au bord du lac Tana ; nous faisons rapidement route vers les chutes du Nil Bleu, très beau , ce sera notre première ballade dans la campagne éthiopienne. Déjeuner au bord du lac , visite du marché , et promenade dans les rues de la ville. Déjà , pas mal de choses nous sautent aux yeux: alors qu'en ville ( 200 000 habitants) , les rues principales sont des avenues à 2*2 voies , avec terre plein central fleuri , magasins de téléphones portables, cafés, que un bon nombre de personnes sont habillés un peu à l'européenne, le marché visité, à seulement quelques centaines de mètres est , lui , d'un autre âge; en vrac des gens souvent pieds nus , avec des vêtements en état pitoyable , au milieu de bâches plastique sur lesquelles on trouve la nourriture ( pois , haricots secs , mil, tef ,sorgho, épices) le tout envahi par des troupeaux de chèvres , de buffles , quelques moutons... cela ressemble à ce que nous avons vu le long de la route prise le matin même vers les chutes du Nil. Le pays est essentiellement rural , et les campagnes sont encore très très pauvres.
Jour 3 : Embarquement tôt sur un bateau pour traverser une partie du lac Tana , vers les monastères de Kidane Meret et Beta Maryam. ça fait un peu "African queen" , le bateau nous est réservé , et c'est un vrai bonheur de voguer , puis de visiter ces monastères .Nous apercevons , dans un "musée" très local , des livres de prière datant du 14eme siècle. Ils ont probablement beaucoup de valeur , et ils sont conservés dans un placard fermé par un cadenas on ne peut plus basique au milieu de la forêt , des moines ... et des singes ! Dans l'après-midi , départ par la route vers Gondar , que nous atteignons vers 17H.
jour 4: Visite de gondar , la cité impériale , les 5 chateaux principaux et l'église de Débré Birhan: Gondar fut la capitale de l'Ethiopie au 16eme et 17eme siècle , l'architecture est influencée par la présence à cette époque de jésuites portugais . J'ai retenu les rois Fasilides ,Yohannes 1, Iyassou,Bakkhafa...
Après un bon déjeuner chez les "4 sisters" , nous partons en direction de Débark , porte du parc du Simien ,encore un peu de voiture sur une bonne piste , puis une heure de marche au bord de falaises vertigineuses , et arrivons au camp de Sankaber , à 3200m à la nuit tombante : nos tentes sont montées et le froid arrive avec la nuit. ça y est , nous sommes au coeur du voyage, au coeur de l'Ethiopie , nous avons aussi vu nos premiers babouins gélada ,et des antilopes.
jour 5 : la nuit a été longue mais fraiche ; mon duvet ultralight ne m'a pas trop protégé du froid, et c'est avec impatience que je me lève à l'aube pour découvrir un paysage fantastique : le camp est au bord des falaises ,avec des vues sur les vallées en dessous , les couleurs au petit jour sont somptueuses. Nous partons en marchant en longeant ces précipices , rencontrons en route quelques touristes, mais aussi les habitants de ces plateaux , des cultivateurs qui labourent leur lopins pentus à 3500m d'altitude , des porteurs de tout et de rien , des enfants gardant les troupeaux ou marchant dans la nature , vers une école , un village ... nous découvrons avec émotion leur dénuement, tout en constatant qu'aucun d'entre eux ne semble souffrir de malnutrition , ce que nous confirment nos guides ; partout les terres sont cultivées , l'élevage de chèvres , moutons ou buffles est omniprésent . L'Ethiopie est en quasi autosuffisance alimentaire. Grâce aux guides , nous pouvons échanger quelques mots avec les enfants; à ceux qui portent un cahier ou un livre , nous donnons des stylos , mais aussi des bonbons. Nous commençons aussi à donner les vestes polaires apportées de France : quelle joie de voir un gamin de 3 ans courir vers sa mère en riant avec sa petite polaire sur le dos ! A écouter les donneurs de leçons en tout genre , il parait qu'il ne faut pas donner . Oui mais ça , c'est dans les livres ; là on est confronté au fait qu'ils n'ont rien , alors que nous avons tout . Impossible de tenir , donc nous donnons ce que nous pouvons à des gens qui ne réclament rien , qui nous accueillent en souriant ,et qui plaisantent aussi. Après une très bonne journée et 8h de marche , nous arrivons vers 16h au camp de Geech , perdu à 3600 m sur un plateau qui pourrait faire penser à la Mongolie. Avant la tombée de la nuit , nous voyons tous ces enfants et adultes rentrer les troupeaux vers les quelques hameaux situés non loin du camp ; il y a aussi des jeunes cavaliers qui passent au galop dans le soleil couchant ...
. Après une nouvelle longue descente , nous atteignons le camp de Chennek à 3600 m. En chemin , nous doublons le groupe de belges qui fait la même rando que nous .Plusieurs d'entre eux sont médecins et amoureux de l'Ethiopie , ils y passent 2 semaines à randonner et une ou deux semaines à travailler bénévolement dans des hôpitaux ou dispensaires . Nous prendrons un apéritif "Bardouin" sous leur tente , et sous une averse violente. La température baisse , et la nuit sera froide .
Jour 7 : lever avant l'aube pour Cathy , Jean-Claude , Patrice et moi: nous montons au sommet de la région , le Bwahit , 4430 m. Le sol est gelé , et nous trouvons vite de la neige sur le chemin. Nous atteignons le sommet après 2h de marche , dans un paysage magnifique , transformé par les chutes de neige de la nuit . Intense moment de joie , arrivé là-haut ! Nous avons aperçu des bouquetins, des babouins , puis Patrice aperçoit un loup d'Abissinie en redescendant !
Après une descente rapide ( les 2 bourrins la font en grande partie en courant, ce qui surprend pour le moins les guides et le scout ! ), nous récupérons le mini bus et roulons jusqu'à Débark , ou nous passons une nuit dans un hôtel ... très rustique . Nous avons aussi rendu visite à l'hôpital où nous avons déposé les quelques 120 paires de lunettes collectées en France ; par chance , nous avons pu renconter une jeune ophtalmo éthiopienne , bien contente de recevoir ça dans un pays où peu de gens bénéficient d'une correction de la vue.
Jour 8 : départ à 5h30 , pour Axoum et 11 heures de trajet pour 270 kms ; Et là , bien que prévenus , nous "hallucinons " devant les paysages et cette route vertigineuse , qui passe de 3400m à 800m , puis remonte , et redescend encore sur des bords de falaises ! des travaux gigantesques sont en cours( par des chinois , bien évidemment ) pour faire de cette route certainement une des plus spectaculaires dans le monde; et elle sera aussi d'une importance capitale pour le pays qui souffre encore beaucoup d'infrastructures hors du temps.
Jour9 : visite d'Axoum,( siège du royaume entre -100 et +900 ), avec le tombeau de Gebre Masqual , les obélisques , l'église Sainte Marie de Sion , le monastère Saint Pantalewon ( et à côté un petit monastère qui abriterait l'Arche d'Alliance selon l'Eglise Orthodoxe Ethiopienne ), la pierre d'Ezana ( gravée des 3 écritures sabéen , grec et gueze ) , et route en milieu d'après-midi vers Hawsien , là encore par une route spectaculaire.
Jour 10 : randonnée dans le massif du Geralta ; toujours des paysages extraordinaires, et montée raide ( 3+ ) ver le monastère de Maryam Korkor et l'église d'Abou Daniel qui dominent la plaine du haut de falaises de 500m de verticalité. Endroit une fois de plus émouvant , difficile de rester insensible à la grandeur du lieu et des quelques popes et fidèles que nous croisons. Maryam Korkor est un monastère semi-troglodytique , de datation incertaine( entre +700 et +1400 ! ), avec un plan de basilique à 3 nefs ( pour une surface d'environ 100m² !) avec des peintures d'influence byzantine ( un bonheur pour archéologues-historiens-chercheurs , si le pays s'ouvrait un peu plus ).
Jour 11 : après avoir dormi à Makalé , nous prenons la longue route vers Lalibela. La journée est ponctuée d'arrêts pour admirer les paysages . Nous longeons la partie est de l'Ethiopie : à notre gauche se trouve le Danakil , et le pays des Afars... Encore des lieux que je rêve de découvrir.
Nous arrivons enfin en milieu d'après-midi à Lalibela , ou nous allons pouvoir nous poser 2 nuits dans le même hôtel , le pied ! Diner au restaurant de l'hôtel Seven Olives , très bien .
Jour12 : visite de Lalibela et de ses 11 églises , c'est tout simplement fabuleux de voir ça un jour dans sa vie ... La topographie du site est une représentation symbolique de la Terre Sainte, avec le Golgotha , le Mont Sinai , séparés par un canyon nommé Yordanos ( le Jourdain).Toutes les églises ont été creusées dans le tuf , du haut vers le bas , c'est stupéfiant . Nous assistons aussi par chance à une procession en l'honneur d'un saint ... mais je ne me rappelle plus lequel!
La petite ville de Lalibela est sans doute une des zones les plus touristiques d'Ethiopie , elle est encore très nature , mais de grands projets sont en route , extension d' hôtels et autres .Compte tenu de l'exiguité des lieux , je crains que l'avenir soit difficile pour cet endroit si beau.
Jour 13 : tôt le matin , nous prenons un avion vers Addis , où nous passerons la dernière journée à boutiquer , et visiter la gare ferroviaire ( train djibouto-ethiopien crée par la France , hors service depuis 15 ans , et en réfection totale par ... les chinois , ce qui offrira à l'Ethiopie un débouché majeur vers la mer) ; nous passons aussi un grand moment chez une ethiopienne d'Addis en compagnie du boss de l'agence réceptive avec qui nous échangerons , puis un dernier repas dans un cabaret proche de l'aéroport , ou nous gouterons une dernière fois à l'injera , le plat national plutôt spécial , sur fond de musique et de danse traditionnelles .
Que dire de plus , sinon qu'un voyage comme celui-ci marque l'esprit pour toujours ? Comment nous , pauvres européens agressés par des problèmes majeurs ( trops d'impôts, une météo de merde , la tondeuse du voisin ,le nouveau radar et la panne de notre smartphone ) pouvons nous comprendre la diversité du monde d'aujourd'hui ? Et bien un voyage en Ethiopie ( et sans doute encore dans bien d'autres pays d'Afrique , ou d'Asie ) peut permettre de faire la part des choses...
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