mardi 8 novembre 2016

La Réunion/Octobre 2016/ Trail de Bourbon

Notre voyage annuel à La Réunion : on commence à s'y habituer , et c'est une bonne habitude , parce qu'on s'y sent vraiment bien sur cette ile . Et tout particulièrement à Saint Pierre : nous avons cette année loué un petit studio avec jardinet , barbecue et chaise longue ; situé à Terre Sainte , à 50 m de la mer , 150 m du port , nous y étions presque "chez nous", avec le marchand de légumes  , le poissonnier , le bouquiniste et la plage à deux pas . Une bonne base arrière pour de  vrais bonnes vacances : nous avons fait une belle excursion dans les tunnels de lave , randonné dans l'Entre Deux et passé une nuit dans la pampa , à l'ilot paradisiaque ( à recommender )
                                                       dans les tunnels de lave 

ilot paradisiaque


 Puis est arrivé le trail de Bourbon . Encore une belle aventure ( 111 kms , 6750 m D+ , 7700 m D- ) partagée cette fois avec Hélène : nous sommes partis le vendredi soir à 21h de Cilaos ; La première montée au piton des neiges , nous a fait d'emblée prendre 1700 m de D+ , sous une pluie fine , puis du vent et du froid au sommet ( à 2600 m ) . On a enchainé par une descente très technique et très  humide vers Hellbourg dans le cirque de Salazie . Puis une nouvelle montée au lever du jour vers la plaine des merles et le col de fourche pour basculer dans Mafate .
Le brouillard se dissipe et Mafate apparait ,  depuis le col de Fourche

Helène se fait mal au pied et nous atteignons Marla ( km 44 ) ou il commence à faire bien chaud . Première séance de soins pour elle , puis longue marche jusqu'à Roche Plate ou son moral est bien bas . Nous y restons presque une heure , quelques soins supplémentaires et nous attaquons le mur du Maido , un  bon gros morceau bien raide .

en haut du Maido
Le sommet du Maido , c'est un peu l'Alpe d'Huez de la "diagonale " : il y a un monde fou , car on peut y accéder en voiture et depuis le bas( roche plate ) , le parcours est commun entre le trail de bourbon et le grand raid . Et malgré notre allure pas super rapide , nous commençons à doubler les derniers coureurs du grand Raid . Nous sommes au 60eme kilomètre . à peine la mi-course et ce n'est pas la joie . Nouvelle séance de soins pour Hélène , j'en profite pour somnoler un peu  . Je pars un peu devant dans la descente vers Sans Souci( km 72 ) , la base vie où nous attend Cathy et Pierre . Ce dernier doit se charger d'accompagner Hélène sur les 40 derniers kms . Après un ravitaillement rapide ( purée de patate douce et gâteau énergie que j'avais préparé à l'avance , un changement de chaussettes et chaussures , une mini toilette "lingettes "), je repars seul dans la nuit qui tombe ( j'adore ce moment ) et dans la chaleur d'un soir tropical  ;comme je me sens vraiment bien , je décide de mettre la sauce jusqu'au prochain  gros ravito , à la Possession ( km 90 ) . Je double , je double , et je double !!! On commence à voir pas mal de monde dormir sur le bord du chemin ! Arrivé à la Possession vers 22h , j'estime avoir bien couru depuis 3 heures  et je décide de finir cette course "tranquillou" , d'autant que je n'aime vraiment pas cette fin de parcours, déjà faite deux fois en course en 2015. Mais je suis , comme beaucoup ( et comme lors de l'UTMB en 2015 ) , victime du manque de sommeil : juste avant d'arriver au point suivant ( la Grande Chaloupe ) , j'ai l'impression de repartir en sens inverse , et il faudra que je me donne des claques pour arriver au ravito . Là je me pose sur un banc , je dors quelques secondes( en fait , je ne sais pas combien de temps ) et je charge la bête par un doux mélange coca/café/coca/café . Je repars cahin -caha pendant une bonne demi-heure puis  l'envie irrépressible de dormir se dissipe . Je profite alors de cette chance incroyable d'être dans la nature en pleine nuit et en bonne forme. A ce moment de la course , j'ai dépassé le stade des douleurs multiples , la bulle s'est refermée et je suis dedans  . Je dois juste gérer un problème de frontale ( la mienne les piles sont mortes et les piles de rechange que j'ai dans mon sac ne sont pas les bonnes ! bravo la prépa !) . J'ai heureusement une deuxième frontale merdique qui éclaire un peu . Je ne force pas l'allure pour entre autre attaquer la dernière descente ( difficile ) au lever du jour et ne pas risquer de me faire mal ( c'est fou , je deviens raisonnable par moment ) . Je franchis la ligne à 6h14  du matin ,en très bonne forme et  bien content de moi  (402eme , 4eme  V3 , sur 1300 coureurs au départ  ) . Hélène arrive à peine une heure plus tard , elle devient une "ultratraileuse " . Elle est aux anges  et moi aussi !
ultratraileuse !!!

Pour ma part , c'était mon troisième ultra tenté , et le troisième réussi . Nickel ! Comme au Mont Blanc , la plus grosse difficulté aura été d'affronter une  deuxième nuit sans sommeil , mais je n'ai pas souffert du dos comme en 2015, je pense que les nombreuses séances de renforcement musculaire tout au long de l'année m'ont bien aidé . Et Hélène , malgré son TFL ,malgré sa cheville tordue , malgré ses douleurs aux pieds , aura réussi son objectif , seulement deux ans après avoir débuté le trail !

Nous passons alors 2 jours à nous  reposer entre plage , bistrots et marchand de glace  , avant de reprendre l'avion pour Madagascar . Mais ça , c'est une autre histoire !