vendredi 4 décembre 2015

retour sur l'UTMB


aller voir la Video de Bruno Poulenard ( qui met 10 h de moins que moi ! )
:
https://www.youtube.com/watch?v=VpUdpjZIm9A



et  le compte rendu très détaillé d'un  coureur, qui met 3 heures de moins que moi  :

http://www.kikourou.net/recits/recit-17906-ultra_trail_du_mont_blanc-2015-par-beep-beep.html

















mardi 13 octobre 2015

La Réunion octobre 2015



 Un séjour bien sympa à La Réunion , hébergés chez Hélène et Benoit à Saint Pierre.

le petit lagon à Terre Sainte , à 100 m de chez Hélène



Les deux premiers jours , nous avons profité des plages et lagons de saint Pierre et des environs ( Grande Anse ), du marché du samedi matin ; puis nous sommes partis deux jours en voiture faire un tour dans le sud sauvage , St Joseph , St Philippe , découvert les anciennes  coulées de lave à l'est , l'anse des Cascades , Sainte Rose , Sainte Anne . Route magnifique , villages pimpants.

Nuits à la plaine des Cafres dans un gite ou la doudoune et la polaire étaient bienvenus à partir de 18h . Nous avons randonné au piton de la fournaise ... 24h après l'arrêt de l'éruption . Mais c'est très beau quand même .

La plaine des Sables et la route vers le volcan

l'enclos , vue du bord du piton Bert


 Puis le mercredi matin , nous sommes revenus à Saint Pierre , pour plonger immédiatement dans l'ambiance trail , avec la récupération des dossards pour la Mascareignes , la prépa des sacs , la "gastronomie " diététique des dernières heures.
Le jeudi , nous avons pris la direction du cirque de Salazie, ou nous nous sommes installés dans un gite , à 50 m du départ de la course. Petit pique-nique frugal à 18h , puis coucher à 19h . Evidemment à cette heure là , impossible de s'endormir , donc une nuit quasi blanche pour moi , un peu moins mal pour Cathy , Hélène et Marion . Lever à 1h30 pour un petit déjeuner d'avant course , puis nous avons pris le départ avec les 1600 autres coureurs à 3h du matin... Une bonne ambiance au départ , mais dès les premiers hectomètres , tout le monde s'est concentré sur la course , sur le halo de la frontale et sur la première montée dans la fraicheur de la nuit .


Au premier pointage ( plaine des merles ) Cathy et Hélène étaient  5 minutes derrière moi. Au lever du jour , nous avons attaqué la descente du sentier scout , l'entrée dans Mafate , magnifique , mais pas facile d'apprécier le paysage quand on est concentré pour éviter les pièges de ces chemins compliqués , pleins de cailloux et de racines . Je me prends un beau vol dès le début du sentier , en plein sur le genou droit ( toujours le même qui morfle !) . Comme pour l'UTMB , je suis parti un peu trop derrière , alors je passe toutes ces heures à doubler . Les filles sont toujours un peu derrière, mais vraiment pas loin . Passent alors les contrôles d'Aurère, puis de Deux Bras, du chemin Ratineau , enfin de la Possession ( 43eme km ) après 9h30 de course. Hélène pointe 23 minutes plus tard , Cathy 10 minutes après Hélène . Il ne fait pas trop chaud , mais je redoute quand même les derniers 20 kms , que j'avais fait en février lors du trail des anglais , d'autant plus que je n'ai plus trop de jus en montée , " turbo cassé " et motivation en forte baisse ! Je fais la route avec Fred , un copain d'Hélène qui lui aussi ralentit sérieusement à l'approche de la fin de course . Au dernier pointage , en haut de Colorado , Hélène , qui n'a plus que 10 minutes de retard , me téléphone ,  toute joyeuse , car elle voit arriver la fin de son gros défi , 64 kms sur ces chemins super techniques , à peine un an après avoir commencé le trail ! Il reste un peu moins de 5 kms , alors je décide de ralentir un peu , et on convient de passer la ligne ensemble , ce que nous faisons après 15 h et 12 minutes de course , la larme à l'oeil et le sourire aux lèvres ! Cathy arrive 15 minutes plus tard , en très bonne forme et en colère ( ! ) , pour cause de chute dans les derniers hectomètres , avec un bout de dent en moins et une belle pêche au menton . Elle aussi , qui n'en menait pas large les jours précédents , a réussi ce beau défi sur une distance bien au dessus des "seulement " 42 kms du trail du Toubkal en 2013; et en plus , elle finit 2ème féminine dans sa catégorie ! Il y a une très bonne ambiance sur cette ligne d'arrivée , il fait bon et nous flanons dans l'herbe et la moiteur du soir pour apprécier ce bon moment . Nous apprenons que sur le Grand Raid , Benoit est toujours en course , et dans ses temps prévus , et que Morgan navigue dans les 30 premiers ( il finira 28 ème ) !



                    petite video :     https://www.youtube.com/watch?v=O0d_1OJlxlo


Après une courte nuit dans un hôtel à Saint Denis , Hélène et moi partons faire l'assistance de Benoit sur la fin de la Diagonale. Nous le retrouvons à Sans Souci ( km 126 ) un peu fatigué mais bien décidé à finir . Il arrivera finalement vers 20h40  , sous une petite pluie fine qui aura rendu super glissante la dernière descente que nous avions fait , nous , la veille , totalement sèche . Retour sur Saint Pierre ou tout le monde se couche bien crevés !
Le dimanche est consacré à fêter nos performances respectives , avec du champagne , du T-punch , du vin rouge : Gros repas chez Morgan et sa famille , puis pina colada sur la plage le soir à Saint Leu !
Le lundi , c'est plage et farniente , et le mardi , pendant qu'Hélène bosse , Cathy et moi partons à Cilaos . La route qui y mène est somptueuse , mais la météo ne nous laissera pas trop apprécier le cirque . On prend la belle averse tropicale et on rentre à Saint Pierre.
Mercredi et jeudi , nous randonnons avec Hélène à Mafate , avec une nuit en gite ( à Ilet des Lataniers ) . Là , en rando , il est possible de se poser , et de regarder les paysages incroyables de ce cirque. On ne regrette pas d'être venus !



                                         Hélène veut adopter un chat ... qui est d'accord  !



le gite de Cayenne

Fleur dans la montagne

un petit chemin fleuri


Les deux derniers jours seront consacrés ... à ne rien faire , à part quelques courses au marché , manger ( pique-nique sur la plage le soir avec tous les copains d'Hélène et Benoit ), se baigner et dormir ! des vraies vacances en fait !


Puis , le dimanche matin , c'est le bus pour l'aéroport et les presque 22 heures qu'il nous faudra pour arriver à Saint Coux le lundi matin vers 2h.

Bon ,encore une fois , on n'a pas vraiment fait des vacances très  reposantes , mais on a bien apprécié l'ensemble du séjour , la course , la beauté de l'ile , l'accueil des gens , l'ambiance sympa de cette ile ou se côtoient toutes les religions et couleurs de peau apparemment sans tension particulière et dans la bonne humeur .
Si Hélène prolonge son séjour , il est probable qu'on retournera explorer un peu plus ce bout de terrain !

mercredi 2 septembre 2015

UTMB Aout 2015

                         
                         
                    "Ceux qui rêvent éveillés ont connaissance de bien des choses qui échappent à ceux qui ne rêvent  que la nuit "    Edgar.Allan.Poe



                ... Monumental !

                                  Voici mon  récit de cette longue "rando"de 170 kms:

 Vendredi 28 aout , 16h30 : je descends du bus climatisé qui m'amène de Saint Gervais , où je loge depuis 3 jours : la lourde chaleur me saute à la figure ; je traverse lentement Chamonix pour me rapprocher de la ligne de départ ; je ne suis pas spécialement inquiet , je savoure ce moment , en réalité . J'y suis . Bientôt , je vais attaquer la dernière étape de cette longue année de préparation avec environ 1400 kms courus, 30 000 m de dénivelée avalés , plus de 50 séances de renforcement musculaire , une perte de poids de 5 kilos ... Je file déposer mon sac de base vie , et je me trouve un petit coin à l'ombre où je m'isole presqu'une heure . Je suis incroyablement concentré , je tente de contrôler ma respiration , de me décontracter les muscles , de somnoler . A côté de moi , un asiatique dort carrément...
Vendredi 28 aout 17h50 : je suis au départ , bien calé au pied de l'église de Cham , c'est à dire ... derrière les 2562 autres coureurs . Les speakers font monter la pression , je suis calme . Je regarde les SMS qui tombent sur mon tel , c'est cool d'en recevoir autant . Je dialogue notamment avec Nicolas qui me commente ce qu'il voit sur le live internet . Il me suivra pendant deux jours , m'envoyant à chaque contrôle un petit SMS d'encouragement , m'informant aussi de ma progression dans le classement .
Vendredi 28 aout 17h59 : La musique monte..."Conquest of Paradise " Vangélis , 1492 , le film de Ridley Scott . Christophe Colomb partait à la recherche d'une "terra incognita" . Moi , la mienne ,ce n'est pas  le tour du gros pâté blanc qu'on voit en levant les yeux ici , ça n'a rien d'inconnu , des millions de godasses en ont fait le tour ; non, moi, ma terra incognita , c'est plutôt de découvrir comment il me sera possible d'avaler ces 170 kms et ces 10 000 m de D+, avec les jambes bien sûr , mais aussi avec la tête en renfort , sans dormir et en restant dans les barrières horaires ...
Vendredi 18h : c'est parti , la musique est à fond , moment à jamais inoubliable ... Pendant que les premiers cavalent , moi , au fond du peloton ,je frissonne comme sans doute la plupart des coureurs en entendant cette musique et je mets 15  minutes à traverser Chamonix tellement il y a de monde qui se masse au bord des rues , qui applaudissent , qui hurlent. Je tape à peu près 500 mains qui se tendent au bord du chemin ; c'est un moment magique, presque irréel tellement je l'avais rêvé, que je suis heureux de déguster lentement. Je commence à trottiner à la sortie de Cham , sur une route bien large , et je rentre dans la course . Tout en respectant les consignes de mon coach préféré ( René ) , je démarre lentement , mais je double tout de même des dizaines de coureurs qui partent encore plus lentement que moi . La première montée après les Houches est avalée facilement , au coucher du soleil .
Je passe 2373 ème sur 2563( déjà 190 coureurs doublés depuis le départ ) . Dans la descente  vers Saint Gervais , j'ai du mal à me retenir ; alors je passe encore quelques coureurs , tout en préservant au maxi les quadriceps; je me concentre pour courir décontracté , tout en surveillant le terrain avec la frontale déjà allumée . Au premier ravitaillement de Saint Gervais , je ne m'arrête pas , et continue concentré pour essayer d'atteindre les Contamines le plus frais possible.

Les Contamines , 23h22 , 31 kms, 2203 eme : je traverse la tente de ravitaillement , bouscule 2 ou 3 coureurs pour attraper un bol de soupe ( c'est un peu la guerre , vu le monde , et l'indélicatesse de certains trailers ) , fais le plein d'eau , et sors directement de cette tente , je me pose 2 minutes pour compléter mes gourdes d'eau avec ma poudre Nutraperf, Je passe du t-shirt manche courte  au t-shirt technique manche longue +  chasuble sans manche coupe vent pour passer la nuit en altitude , et c'est reparti ; il y a beaucoup de monde dans les rues , et jusqu'à Notre Dame de la Gorge . Puis les choses sérieuses commencent ; c'est le début de la montée de 1200 m de D+ vers la première grosse difficulté ; je ne suis plus si frais que ça , je cours depuis 6 heures maintenant , et je sens mes jambes , et surtout j'ai très mal au dos , je m'y attendais mais j'espérais que ça viendrait plus tard . Il va falloir lutter plus vite que prévu. Arrivé au ravitaillement de la Balme ( 1h28 du matin , 39 kms ) , je suis 2192 eme , mais bien entamé ; je grignote un peu , me couche dans l'herbe le dos à plat pour tenter de récupérer , mais je me fais "  virer " ( gentiment , mais fermement ) par un bénévole qui me pousse à repartir au plus vite , la barrière horaire étant proche . Alors je repars , et monte pas trop mal au début , un peu plus dur sur la fin du col , avec le moral qui baisse et les idées noires qui apparaissent . Je pointe au refuge de la Croix du Bonhomme à 3h17 du matin, en 2138eme position ( je continue à gratter des places malgré tout , car de nombreux coureurs sont arrêtés au bord du chemin , soit pour vomir , soit pour dormir , pas beaux les sportifs ! ) puis vient la descente vers les Chapieux ; je me remonte un peu le moral car en descente , en gainant les lombaires et les abdos , j'arrive à courir et doubler encore un peu de monde .

 Les Chapieux , 49,4 kms , 4h17, 2112 eme  . Je cours depuis plus de 10 heures .Contrôle des sacs à l'entrée , puis je me fais changer les piles de ma frontale ; j'attrape une soupe , j'en bois même pas la moitié , je chipote un bout de pain et un peu de fromage , je fais une tentative infructueuse aux toilettes, et repars sur la route qui monte vers la Ville des Glaciers; je lorgne chaque gros caillou au bord du chemin, j'ai envie de m'arrêter pour y appuyer mon dos , je résiste ; Je vois la longue file des frontales devant moi, qui ziguent- zaguent vers le col de la Seigne ( à 2516 m) , et me résoud à  prendre un doliprane ; Je monte correctement le début du col , j'ai un peu moins mal , et les premières lueurs du jour apparaissent ; je finis la montée de ce p.. de col un peu à l'agonie  ( 7h11 , 2053 eme ) .Mais les paysages et les couleurs sont magnifiques , ça aide à positiver .
les pyramides calcaires au lever du jour , depuis le col de la Seigne

 S'enchaine alors le crochet ( nouveauté 2015 du parcours ) par le col des Pyramides Calcaires , très con , des cailloux , des éboulis , un chemin hyper étroit ( comme dans les Pyrénées ) une descente avec des pierres qui roulent , idéal pour se faire une cheville ; tout le monde autour de moi râle , ça va , je ne suis pas le seul en difficulté ! En bas de la descente , j'aperçois le ravitaillement du lac Combal , et mon téléphone sonne : c'est  coach René qui vient aux nouvelles de la nuit ! ça me fait du bien de discuter un peu ; comme je commence à ne pas avoir les idées très claires , il me suggère de me concentrer sur le paysage , et de fait , c'est un endroit magnifique , avec les glaciers , les aiguilles de Bionnassay, le Mont Blanc qu'on devine juste au dessus.
Lac Combal, 8h59,  66 kms , 2024 eme; rien mangé là non plus ; je ne vais pas tenir jusqu'au bout si je me contente de coca , d'eau sucrée et de Sportenine . Je passe un bon moment à marcher ( il aurait fallu courir car c'est tout plat ) en compagnie d'un gars sympa avec qui nous échangeons nos doutes et espoirs; il avait abandonné deux ans avant , et était prêt à "mourir" pour cette fois finir. Je m'accroche à lui dans la montée à l'arête du Mont Favre ( 10h19 , 1950 ème ) , je me remets à trottiner jusqu'au col Chécrouit ( 11h06,  75 kms, 1918 ème ) ; nous sommes en haut des pistes de ski de Courmayeur , il fait beau , et il y a un petit resto qui offre un bol de pasta aux coureurs ;ça me tente , alors  je m'arrête , mange mon bol de pâtes face au soleil , sur un petit banc , j'aperçois Courmayeur en bas , mais je profite de ces 3 ou 4 minutes pour récupérer de l'énergie et du moral . La descente sur Courmayeur est assez raide , mais sèche ( ça doit être terrible les jours de pluie ) . J'arrive dans les rues de Courmayeur où Cathy m'attend .. mais elle manque de ne pas me reconnaître sous ma casquette avec , parait-il , une tête de zombie.
Courmayeur 11h57 , 79 kms , 1881 ème :presque 18 heures de course . Avec mon sac amené par l'organisation , je me change entièrement , Nok sur les pieds , je soigne les ampoules, change aussi les chaussures , Cathy me fait gagner du temps en s'occupant de me trouver à manger ( des pastas al dente  que je chipote et de la compote, elle remplit mes gourdes et me donne mes préparations culinaires personnelles ( gâteau et boisson ), que je ne mange pas , mais que j'emmène pour plus tard . Je repars après 39 minutes d'arrêt. Il fait vraiment très chaud et je redoute la montée suivante vers le refuge Bertone. Cathy m'abandonne pour prendre un bus vers Arnuva , nous nous retrouverons plus tard cet après-midi. Je souffre dans cette montée , je croise une bonne dizaine de coureurs qui redescendent pour abandonner ... Arrivé à Bertone , à sec d'eau à 14h20 ,  1738 eme , km 84 . Je bois , et me couche dans l'herbe pour faire le point : j'ai le genou droit très douloureux , je ne peux pas continuer comme ça, alors je me résoud à prendre un anti-inflammatoire , seule solution pour espérer aller plus loin . Et je repars au ralenti . Au bout de 20 ou 30 minutes je n'ai quasi plus mal , alors je me remets à positiver , je regarde à ma gauche les glaciers , les grandes Jorasses . Je vais vraiment mieux , je recommence à trottiner , je profite des petits torrents pour me mouiller la tête et les jambes ; je communique par tel et sms avec Nicolas , Hélène/Benoit ( qui pense que je délire ) et Cathy , qui m'attend au refuge Bonatti .
Bonatti , km 91 , 16h23 , 1781 eme ; je viens de perdre 50 places , Je repars immédiatement avec Cathy dans la descente vers Arnuva , nous doublons un peu , j'ai la pêche ! ; j'arrive à Arnuva à 17h31 , 1719 eme , km 96 . Je ne mange rien ( histoire de changer ! ) , et je me couche 10 minutes ( chrono branché )  dans l'herbe pour me reposer , car la montée suivante , c'est le Grand Col Ferret , dont la réputation de difficulté me fait un peu peur .
J'attaque la montée derrière un petit groupe , que je rattrape , puis que je double ... et que je distance ! Incroyable  ! Je me fais ce col ( 780 m de D+ en 75 minutes !! ) . Un peu de vent la-haut , la nuit tombe mais le moral est haut , je viens de passer la barre des 100 kms en 25h 30 , soit à peine 30 minutes de plus que planifié dans mon road-book perso  .Et maintenant , il y a 17 kms de descente , et je suis convaincu que je vais pouvoir galoper et gagner du temps . Mais la descente n'est pas aussi roulante que ça , avec pas mal de "petits coup de cul " , et le sommeil qui me gagne ; je pers de la lucidité , ( avec deux semaine de  recul , je me demande même si je n'étais pas complètement " à l'ouest ")  La Fouly , km 110 , 21h32, 1699 eme . Une fois de plus, je fuis le ravito pour me précipiter vers une belle pelouse ( nous sommes en Suisse ! ) ou je mange et bois une partie de mon ravito personnel récupéré à Courmayeur, puis je règle mon chrono sur 12 minutes , casquette sur les yeux et j'essaye de dormir . Peine perdue , entre le bruit des autres coureurs sur la même pelouse , les lumières et le speaker , impossible de se reposer . Je repars dans la nuit pour un long calvaire vers Champex . Là , les chemins sont bons , voire même très bons , et , au lieu de courir , je marche en m'accrochant aux mollets des coureurs devant moi , seul moyen que je trouve pour rester éveillé et ne pas finir dans le ravin . A Praz de Fort ( km 118 ) , un bon café offert par des habitants me requinque et je finis par re-courir un peu avec mon petit groupe de trailers avec qui je partage le chemin  depuis quelques heures . La montée à Champex est courte ( 500 m D+ ) mais dure.
   Champex 1h25 du matin , km 124 , je suis 1629 eme . C'est un très grand ravitaillement , où je trouve une place tranquille pour finir mon repas personnel et me détendre les muscles.C'est aussi là ou de nombreux coureurs abandonnent ( d'où mon fort gain de places au classement )  J'y reste 15 minutes et c'est reparti dans la nuit . Je ne le sais pas encore , mais la forme retrouvée ne va pas durer bien longtemps ; J'ai vite un gros coup de barre , et je me couche au bord du chemin pour dormir . Chrono réglé à 12 minutes , collé à l'oreille , je crois que j'ai dû somnoler quelques secondes et je repars avant la fin des 12 minutes , pour me retrouver illico dans la montée de Bovine ; je ne m'y attendais pas , mais c'est de loin la partie la plus dure : une montée biscornue dans une sorte de falaise traversée par plusieurs torrents , ça monte , ça descend , les bâtons sont plus une gêne pour par moment poser les mains et escalader , je mène un groupe pendant 20 minutes , puis  passe le relais ;j' arrive au sommet un peu dépité ; une coureuse anglophone se tape une crise de larmes , et moi je suis vidé ; j'avance au ralenti jusqu'au contrôle de la Giète ( 5h20 , km 136 , 1508 eme ) .  Encore une heure de descente pour arriver à Trient ; le jour se lève et une fois de plus, le moral remonte ; je sens que je redeviens à peu près lucide (! ) , et me rends compte que le bout de l'affaire est à portée de chaussures ; une grosse matinée de course et je suis à Cham' . Je peux enfin avaler quelque chose ; en mangeant dans mon coin , je pense enfin à toute cette année d'entrainement qui m' a amené ici , je pense aussi aux  quelques personnes qui m'ont inconsciemment motivées toutes ces dernières heures à marcher comme un robot , alors que je n'étais pas capable d'aligner deux idées cohérentes de suite , j'étais juste capable de penser que l'abandon n'était pas possible , que la seule issue , c'était d'avancer  ; je reprends  un anti inflammatoire car le genou souffre  de nouveau , et je pars à l'abordage de l'avant dernière difficulté , la montée à Catogne, que je passe au train ( 8h28 , km 146 , 1432 eme )  .

 Je téléphone à Cathy pour lui annoncer mon arrivée prochaine  à Vallorcine  . Je croque 32 coureurs dans la descente , je me régale à descendre plus de deux fois plus vite que les trailers que je double  , pas mal aux quadriceps , quel bonheur après 150 kms parcourus ! Vallorcine 151 kms , 9h37 , 1400 eme )  J'y  reste seulement 7 minutes , juste le temps d'avaler un bout de pain et de fromage ,de faire le plein d'eau et je sors de la tente , pour retrouver Cathy , Béa et Pascal venus à ma rencontre ; là , c'est vraiment bon , je peux discuter , parler de la course mais aussi parler d'autres choses . Je sors ainsi sans m'en rendre compte de ma course , je considère même que c'est gagné , que je suis au bout ! Encore un beau manque de lucidité ! Mais j'ai du mal à pousser sur les jambes pour franchir les marches de la montée à la Tête aux Vents : 2h30 pour faire 8 kms et 900 m de D+ , pas très brillant ! Le trajet Tête aux Vents / Flégère est pénible , il fait très chaud , il y a du monde , c'est difficile de doubler , je  ne suis pourtant pas trop mal .La Flégère 13h12 , 162 kms , 1332 eme  .
Arrive enfin la dernière descente , ou Cathy et moi trottinons le plus souvent  possible au gré de la qualité des chemins . Là , j'en ai marre ! On voit la vallée en bas , mais le chemin descend à peine , et il nous faut plus d'une heure pour arriver enfin juste au dessus de Chamonix , puis d'entendre au loin le speaker sur la ligne d'arrivée ; le chemin s'élargit enfin , nous courons et doublons quelques concurents , j'ai un gros coup d'émotion qui remonte, j'ai peur de craquer sur la ligne ! .

 Et voilà les rue de Cham , les bénévoles qui nous encouragent , le portique du dernier kilomètre , la ligne droite le long de l'Arve avec dans l'axe le glacier des Bossons, les trois ou quatre virages au centre de Chamonix , les barrières avec un public nombreux, les applaudissements , le dernier virage , le portique d'arrivée , Pascal qui prend des photos , c'est hallucinant , je suis arrivé , je l'ai fait !
Je suis super content , mais pas d'émotion particulière , pour paraphraser les sportifs interviewés " je ne réalise pas encore " . Je n'ai pas l'impression d'être fatigué , c'est incroyable , je suis dans une zone mentale un peu spéciale , depuis maintenant une bonne trentaine d'heures , où les sensations et les raisonnements sont altérés . mais c'est , je crois , ce phénomène qui nous fait aller au bout d'un truc pas tout à fait normal !





                                                               



  14 jours après.   Le genou soigné , j'ai recommencé à courir , j'ai eu juste le sommeil un peu difficile , des petits coups de fatigue de temps en temps , mais aucune douleur particulière.

Avec un peu de recul , et en analysant les chiffres , je peux confirmer que la deuxième nuit est un moment vraiment spécial , où le physique n'existe plus trop et où le mental est altéré . J'ai fait  au moins 37 kms (  à la louche entre les kms 104 et 141) dans un épais brouillard mental , où je m'imaginais sur une course à étape , où je cherchais à me rappeler dans quel hôtel je venais de dormir , période juste traversée par quelques passages plus réalistes ,  ou quelques réflexes , qui permettent de manger un peu , de boire , voire de courir quand c'est possible .
Je me rends compte aussi maintenant que je suis quand même parti un peu trop derrière ! Sans doute aurait il fallu prendre le départ en milieu de peloton , courir lentement et accepter de se faire doubler pendant 2 ou 3 heures . En partant dernier , j'ai dû doubler 200 coureurs sur les 2 premières heures , avant de trouver un rythme de course qui me correspondait . Outre l'énergie dépensée dans ces dépassements , il y a aussi la bonne dizaine de minutes "perdues" à traverser Cham'. Finissant 1288eme , j'ai passé presque tous le temps   à doubler des concurrents, ce qui est bon pour le moral , mais  qui fréquemment constitue une gêne.   Je constate par ailleurs que globalement , j'ai fait des arrêts très courts aux ravitos , ce qui m'a aussi  permis de doubler nombre de trailers qui eux passaient plus de temps arrêtés. Que je termine pas épuisé , signe de bonne gestion de mes forces , mais aussi sans doute signe que j'aurais pu un peu pousser la machine , notamment sur les sections plates , à courir , pour un gain final d'au moins une heure, voire deux . ( en plus , je m'étais entrainé à courir à l'économie , en prévision justement de ces passages de course )

 Mais quelle expérience formidable !

prochaine course : la Mascareignes , la petite Diagonale , 67 kms , le 23 octobre à La Réunion ...
                                                   







jeudi 18 juin 2015

trail de la Haute Bigorre, 13 juin 2015

Dans le cadre de ma prépa pour l'UTMB , ce trail de 51 kms et 3400 m de D+ représentait la première vraie grosse épreuve de la saison ; j'ai donc fait un aller-retour express pour venir participer pour la deuxieme année consécutive à ce trail très technique.


Accompagné par un copain , très bon coureur rochelais , René , ce fut un week end intense , mais vraiment sympa , et , j'en suis sûr, très profitable pour la suite de la saison.
Samedi matin 7h , à Campan : nous sommes environ 250 à partir au front ; la météo est bonne , avec cependant des orages annoncés pour la mi-journée ; le parcours , que je n'avais pas trop vu en 2014 , pour cause de brouillard épais , est superbe , avec la belle montée à la liset de Hount Blanque, la ligne de crête jusqu'au col d'Arizes , la longue descente sur Artigues , puis la belle bosse pour arriver à Payolle et toute la partie au dessus du col de Beyrède , le signal de Bassia et le très long chemin technique qui surplombe la vallée pour enfin , par le col du Leyris plonger sur Campan , que nous atteignons René et moi après 9h12 de course , fatigués mais ravis de cette belle ballade . ( bon , René m'a pas mal attendu toute la journée , il est clairement plus rapide , aussi bien en montées qu'en descentes ). Merci à lui !
en montant , au dessus du col de la Courade


 pas de la crabe



                                           col d'Arizes


                                  sous le signal de Bassia



Prochaine grosse épreuve de prépa , le 18 juillet , le grand trail de la vallée  d' Ossau ( GTVO ), 75 kms et 5400 m de D+

mercredi 3 juin 2015

croisière Antilles Mai 2015

Guadeloupe/Nevis/Saint Kitts/Les Saintes/Guadeloupe.



Cette année , nous revenons aux antilles  (la dernière venue c'etait 2010 et un aller-retour Martinique-Grenadines ) pour découvrir des iles moins fréquentées , en l'occurence Saint Kitts et Nevis .
Nous sommes 6 à aterrir vers 13h30 à Pointe à Pitre ; nous  nous  précipitons à la marina Bas du fort , pour prendre possession  des bateaux , faire  les cleara   nces  les courses et check in des bateaux , afin de quitter la base avant la nuit . Le reste du groupe arrive deux heures plus tard , et nous partons donc à deux bateaux pour le premier mouillage à l'ilet Gosier . Premièe baignade pour certains à la tombée du jour et premier apéritif sous les tropiques.


J1 / Le lendemain  nous partons à l'aube pour un grand tour de basse terre par le sud , le vent est bon ( 15/20 noeuds ) et les milles défilent vite à bord de nos deux catas Lipari 41 , bien équipés , et bien entretenus ( loueur Dream Yacht Charter ); petit arrêt à l'anse à la barque et en milieu d'après midi , nous mouillons dans la baie de Deshaie . Petite balade à terre , ou la petite ville est calme ,la saison touristique étant finie.

Deshaie le soir : calme et sérénité

J2/ départ à 5h30 pour une grande navigation de 70 milles , cap sur Nevis , quasiment plein nord . Nous sommes poussés par l'alizé soutenu ( 18/25 noeuds ) et à presque 9 noeuds  de  moyenne , nous arrivons à Nevis vers 14h , pour un déjeuner face à la petite ville de Charleston .

à fond dans les alizés !

Nevis au petit matin : le sommet est dégagé


Sur notre bateau , c'est pas la grande ambiance habituelle : Daniel ne s'est pas remis de son problème sanguin , Cathy n'a même pas le loisir d'avoir le mal de mer et passe son temps     dans   la  cabine à se shooter aux antibio pour se soigner les intestins , René surveille ses jambes , mais assure quand même au niveau de la prépa du ti-punch . Mais la conso de rhum ne repose plus  que sur Emmanuel et René , aidés par Pascale, Sylvie et Babé . Régime eau et jus de fruit  pour les malades, Daniel et Cathy  et pour moi , en prévision de mes futures échéances running de l'été !!




J3 et suivants/ Tout le monde s'entasse dans un bus et nous faisons le tour de l'ile pour visiter quelques belles demeures coloniales toutes transformées en hôtels de luxe , au lilieu d'une végétation luxuriante.








Puis nous quittons Nevis pour passer quelques jours à Saint Kitts, qui ne nous séduit pas trop : sans être "moche" , ça ne vaut pas bon nombre d'autres endroits aux antilles ; nous visitons l'ile en mini bus , nous promenons dans la ville de Basseterre, Daniel ( et Babé ) visitent l'hôpital pour un petit contrôle médical ( ! ) ; nous faisons cependant un très beau snorkeling dans les baies au sud-est de l'ile. Nous n'aurons pas pris le temps de voir les zones les plus touristiques ( les plages au vent du sud est, sans nul doute assez belles ) ni la montagne et la forêt primaire, là aussi sans doute plus intéressante . La méforme de Daniel nous motive pour repartir plus tôt que prévu vers la Guadeloupe , et plus précisément les Saintes , au cas où ...


préparation de la navigation du jour à partir du Patuelli

J6/J7 En fin de journée , nous prenons donc la mer , pour 100 milles de nav' vers les Saintes . Pour ce retour , le vent n'est pas bien orienté , nous sommes au près trop serré pour des catas ; nous faisons tout de même route sous voile par 20 noeuds de vent , mais en milieu de nuit , nous sommes obligés de nous aider des moteurs pour serrer un peu mieux le vent; malgré  cette aide , , arrivés à la latitude de Deshaie, nous sommes plus de 10 milles sous la route ... Pas grave , il est 6 heures du matin , nous navigons depuis 13 heures, le lever du soleil sur la Guadeloupe au loin , le petit café à la main , assis à l'avant du bateau , les bancs de dauphins qui nous croisent , tout ça , pour moi , c'est le bonheur intégral . J'avale ces moments par les yeux , le nez , la bouche , le cerveau et les tripes... Mais nous sommes loin d'être arrivés ; maintenant nous sommes au sud de basse terre, , mais à encore 5 nautiques sous le vent du canal des saintes , et là , pas d'autre solution que d'affaler les voiles , et faire du face au vent ( 25/28 noeuds au début du canal) . Arrivée dans la baie des Saintes   après  20h de nav' , sous une petite pluie fine.



J8/ de bonne heure ,je pars seul faire un petit footing : je monte au chameau , 300 m au dessus de cette baie magnifique . Je trouve plein nord  une sente bien pentue ( et un peu casse gueule ) pour redescendre et arriver à l'anse Crawen ou je reprend la route , par le bois joli , pour revenir au port . Retour au bateau à 8 heures ... avec les croissants pour le petit dej  . Nous avons toute la journée pour visiter, alors nous louons des scooters et partons pour un tour complet de l'ile , en commençant par la très intéressante visite du fort Napoléon.     Suit   la   baignade   puis  un bon petit resto à Pompierre, passage à grande  Anse au bout  de la  piste de l'aéroport , l'anse Crawen , la plage du pain de sucre , l'anse à cointe , l'anse du figuier. Et la journée se termine par le tour des boutiques ( enfin surtout les filles , parce que  les mecs , nous sommes plutôt au bistro ! )







J9/  Nous partons mouiller sous le vent de l'ilet Cabrit , et faisons un excellent snorkeling au vent , au pied des batiments abandonnés ; puis en fin de matinée , départ pour Terre de bas , pour la langouste de Chez Eugénette : toujours aussi "local" , mais   les langoustes sont toujours aussi bonnes ! Puis nous revenons nous mouiller au pain de sucre avec un apéro sur la petite plage , pied dans l'eau , nuit qui tombe , chaleur moite , vin blanc frais , quel pied !!



J10/ Daniel va franchement mieux, et part avec Babé, René, Sylvie et Pascale , à pied au village , pendant que Cathy , Bill et moi retournons à l'ilet Cabrit pour un PMT à la pointe nord de l'ilot , où   nous voyons pas mal de poissons   dont un très gros  barracuda qui nous regarde passer sans émotion. Après avoir récupéré la troupe au port , nous rentrons vers la Guadeloupe , au bon plein par 25 bons noeuds . Dernier mouillage, dernier apéro à Gosier.


J11/ Nous rendons  les bateaux puis allons acheter quelques épices au marché de PàP , petit resto , et direction le Raizet pour le retour en métropole.

Petit bilan de ces 10 jours : super conditions   de navigation avec du vent toujours soutenu et des bateaux en excellent état . St Kitts et Nevis ne valent pas beaucoup d'autre endroits aux antilles , mais nous n'avons sans doute pas non plus été très virulents pour trouver toutes les belles choses à  y voir.Mais les   Saintes  restent un endroit magique. Au niveau des équipages , c'etait une année sans ; après Isa qui a renoncé 2 semaines avant de partir , plus Daniel malade pendant une semaine et Cathy pendant 5 jours , on va prévoir plutôt un navire hôpital pour l'année prochaine !!!

quelques photos :
https://picasaweb.google.com/103160336720809059375/CroisiereAntillesMai2015SaintKittsNevisLesSaintes