le GR738 : un GR tout récent , par son numéro ( association de 73 pour Savoie et 38 pour Isère ) , qui traverse du nord au sud le massif de Belledonne , massif savoyard au nord , puis isérois au sud. Un GR réputé aussi pour son niveau de difficulté élevé , pour son cadre , un massif sauvage , riche en faune et flore , et pourtant aux portes de grandes villes comme Grenoble ou Chambéry.
Je profite de l'arrivée d'Hélène à Grenoble pour m'y attaquer avec envie , parce que l'idée de la traversée me plait bien ( comme le GR20 corse ) , parce qu'il est dur , et parce que je ne connais quasiment pas les alpes en été , à part le tour du Mont Blanc que j'ai ( un peu!!) parcouru . Et marcher avec ma fille me ravit , comme je l'avais déjà fait à La Réunion en 2015 .
Selon les découpages , l'itinéraire à la base comporte 9 à 11 étapes . Nous décidons de supprimer la première et la dernière , les moins intéressantes pour nous concentrer sur le coeur du sujet , la rando en altitude . Et bien sûr , les 9 étapes classiques réparties sur 4 à 5 jours seulement, car nous marchons quand même franchement plus vite et pouvons doubler les étapes , tout en profitant de grosses pauses farniente en milieu de journée et en arrivant en milieu d'après midi aux refuges , nous laissant du temps pour en apprécier le cadre.
Malheureusement , la météo exécrable nous a contraint à supprimer notre première journée: Nous devions attaquer par un bivouac le lundi soir , puis démarrer très tôt le mardi . Nous avons été obligés de démarrer seulement en fin d'après midi le mardi , rejoindre depuis la station de ski de Super Collet ( Allevard) le refuge de la Pierre du Carre atteint en moins d'une heure de marche en poncho sous une pluie battante ! Arrivés vers 17h au refuge , nous apprenons que nous serons les 2 seuls clients ce soir là ! Le refuge est minuscule ( 16 places) , nous avons donc le dortoir complet pour nous deux. nous dînons excellemment ( croziflette !) en compagnie des gardiens , dîner relax et bien sympa ! Vers 20h , la pluie s'arrête et nous assistons à un coucher de soleil somptueux...
coucher du soleil depuis le refuge
mercredi matin : lever super tôt, petit dej à 6h , et départ vers 7h , pour une première grosse journée de marche , direction le gite de la Martinette , à Fond de France.
Hélène est super inquiète parce que le topo de la FFRandonnée nous indique 13h30 de marche , 2100 m de D+ et 2700 m de D- ; Alors , elle prend les commandes et commence à trottiner dans la descente depuis le refuge. Moi, je suis pas trop bien réveillé ( ou concentré) et au bout de 10 minutes , je pars en vol libre sur une pierre plate bien glissante . Même pas mal , mais ça m'invite à faire attention . Partis au dessus de la mer de nuage , nous tombons assez vite dans la brume ; toute la journée , au gré des nombreuses montées et descentes , nous ne cesserons de traverser le plafond nuageux . Cette première journée est , malgré les chemins détrempés, assez plaisante , avec des paysages plutôt moyenne montagne , sous bois , prairies herbeuses, petits lacs , belles cabanes. Et au final , si on ne compte pas les arrêts , les 13h30 de marche annoncées seront avalées en à peine 6 heures; autrement dit , nous marchons plus de deux fois plus vite que ne l'indique le topo. Ainsi malgré des arrêts prolongés ( 2h30 au total) , nous arrivons au gite de la Martinette à 15h30 . Il faut dire aussi que nous marchons légers ( le sac d'Hélène doit peser 6 kgs eau comprise, le mien environ 7). Et nous avons pourtant tout l'indispensable pour 4 jours de marche. Nous retrouvons le soir au gite 3 personnes que nous avons rencontrés en chemin , et dînons tous ensemble.
Jeudi matin : le temps n'est toujours pas formidable . Et nous avons encore une grosse journée avec environ 27 kms , 2000m de D+ et 1500m de D-, vers le refuge Habert d'Aiguebelle. Nous commençons par une toute petite grimpette de 1200 m de dénivelée (!) , pour arriver aux lacs des 7 laux .
un peu de marche sur les mains pour reposer les pieds !
Une belle succession de lacs ( artificiels) . Petit arrêt pique nique puis nous continuons à grimper ( + 400 ) vers le col de la Vache à 2600 m . Montée raide dans des éboulis , et il commence à pleuvoir . On rencontre au sommet les traceurs de la course "l'Echappée Belle" qui aura lieu le lendemain : ils nous indiquent le tracé juste balisé qui peut nous mener jusqu'au refuge , moyennant un petit 250+/250- supplémentaire, mais dans une zone hyper sauvage : banco pour nous, et nous démarrons la descente dans des blocs énormes , devenus glissants sous l'averse qui tombe. On est hyper prudents , car glisser entre deux rochers à ce moment , peut vite casser une jambe ou un crâne. On aperçoit des bouquetins , mais on ne prend pas trop le temps de regarder le paysage , restant concentrés sur la pose de nos pieds et de nos mains , dans ce "chantier" . Et demain les trailers feront ça en course !
lac Cottepens ( les 7 Laux)
Nous arrivons au refuge où une assiette de fromage du pays en guise de goûter nous rassasiera . Nous prenons une bonne douche bien chaude , discutons avec d'autres randonneurs , dînons dehors ( le temps s'est amélioré )
névé sous la brèche de roche fendue
Vendredi matin: lever encore hyper tôt , car outre la grosse distance et dénivelées qui nous attendent , nous souhaitons regarder passer les premiers de l'ultra trail , François d'Haene en tête. Il fait un temps superbe , et nous avançons bien au milieu des éboulis mais aussi des champs de myrtilles et de framboises sauvages .
les crêtes près du pas de la Coche, avec une (belle) statue au sommet
En fin de matinée , nous nous positionnons dans une longue montée pour voir arriver de loin les top guns . Comme prévu , c'est François d'Haene qui passe le premier , assez impressionnant à voir . Nous reprenons la descente et croisons ensuite les coureurs suivants . Arrivés en vue du refuge Jean Collet , Hélène aperçoit son pote (et ancien colocataire à la Réunion )Mickael , en 9eme position ! Nous nous posons au refuge , qui sert de poste de contrôle et de ravitaillement pour la course . Puis nous poursuivons notre longue journée par une succession de descentes et montées ( encore 2000 m de D+ ) par le col de la Sitre , le lac du loup , le lac Crozet , le col de la Pra pour arriver au refuge du même nom . Gros refuge CAF , ou pour la quatrieme fois ( en 4 jours) , nous bénéficions d'une chambre pour nous seuls ! La terrasse de ce refuge est orientée sud/ouest, elle mesure au bas mot 1000 m² , et domine une vaste plaine ( un pré , d'où le nom "pra" ) .
la terrasse du refuge
coucher du soleil
Samedi matin : dernier lever tôt , petit dej au refuge et en route pour une petite étape de 11 kms et 1000m D- /300 D+ pour rejoindre Chamrousse où Valentin vient nous chercher. C'est une très belle section du GR , où nous apercevrons d'abord des chamois , 2 adultes et un jeune , très près de nous , puis des marmottes dans un pierrier : on les entendait siffler depuis 3 jours , mais nous n'avions pas encore réussi à en voir
lac Robert
Au final , belle randonnée sur des terrains assez techniques, assez sauvages, peu de monde sur les chemins ou dans les refuges , bref plutôt sympathique ! Nous avons fait , en 3 jours et demi , environ 90/95 kms et 7000 m de dénivelée . Equipés légers en version plus proche du trail-running que de la rando classique , ça passe sans soucis en ne sacrifiant absolument pas la pause pique nique et l'arrivée tôt dans les hébergements . Bon , Hélène marche maintenant plus vite que moi , en montée ; je tiens encore le tempo en descente .
Particularité à signaler sur ce massif : il y a de nombreux refuges non gardés , parfaitement entretenus ( par l' association "tous à poele " )et super équipés ( matelas, couvertures , vaisselle, poele et bois, etc ) . Il est donc assez facile de randonner et se poser le soir au gré de l'humeur et de la distance que l'on souhaite. Il suffit juste d'amener un bon sac à viande ( ou un duvet léger) , et sa nourriture .


















