lundi 26 août 2019

GR738, Grande Traversée de Belledonne, Aout 2019




le GR738 : un GR tout récent , par son numéro ( association de 73 pour Savoie et 38 pour Isère ) , qui traverse du nord au sud le massif de Belledonne , massif savoyard au nord , puis isérois au sud. Un GR réputé aussi pour son niveau de difficulté élevé , pour son cadre , un massif sauvage , riche en faune et flore , et pourtant aux portes de grandes villes comme Grenoble ou Chambéry.


Je profite de l'arrivée d'Hélène à Grenoble pour m'y attaquer avec envie , parce que l'idée de la traversée me plait bien ( comme le GR20 corse ) , parce qu'il est dur , et parce que je ne connais quasiment pas les alpes en été , à part le tour du Mont Blanc que j'ai ( un peu!!) parcouru . Et marcher  avec ma fille me ravit , comme je l'avais déjà fait à La Réunion en 2015 .


Selon les découpages , l'itinéraire à la base comporte 9 à 11 étapes . Nous décidons de supprimer la première et la dernière , les moins intéressantes pour nous concentrer sur le coeur du sujet , la rando en altitude . Et bien sûr , les 9 étapes classiques réparties sur 4 à 5 jours  seulement, car nous marchons quand même franchement plus vite et pouvons doubler les étapes , tout en profitant de grosses pauses farniente en milieu de journée et en arrivant en milieu d'après midi aux refuges , nous laissant du temps pour en apprécier le cadre.
Malheureusement , la météo exécrable nous a contraint à  supprimer notre première journée: Nous devions attaquer par un bivouac le lundi soir , puis démarrer très tôt le mardi . Nous avons été obligés de démarrer seulement en fin d'après midi le mardi , rejoindre depuis la station de ski de Super Collet ( Allevard) le refuge de la Pierre du Carre atteint en moins d'une heure de marche en poncho sous une pluie battante ! Arrivés vers 17h au refuge , nous apprenons que nous serons les 2 seuls clients ce soir là ! Le refuge est minuscule ( 16 places) , nous avons donc le dortoir complet pour nous deux. nous dînons excellemment ( croziflette !) en compagnie des gardiens , dîner relax et bien sympa ! Vers 20h , la pluie s'arrête et nous assistons à un coucher de soleil somptueux...

coucher du soleil depuis le refuge 

mercredi matin : lever super tôt, petit dej à 6h , et départ vers 7h , pour une première grosse journée de marche , direction le gite de la Martinette , à Fond de France.

                   refuge de la Pierre Du Carre , 7h du matin , vue sur la mer de nuages avec le massif de la Chartreuse qui émerge dans le fond.







Hélène est super inquiète parce que le topo de la FFRandonnée nous indique 13h30 de marche , 2100 m de D+ et 2700 m de D- ; Alors , elle prend les commandes et commence à trottiner dans la descente depuis le refuge. Moi, je suis pas trop bien réveillé ( ou concentré) et au bout de 10 minutes , je pars en vol libre sur une pierre plate bien glissante . Même pas mal , mais ça m'invite à faire attention . Partis au dessus de la mer de nuage , nous tombons assez vite dans la brume ; toute la journée , au gré des nombreuses montées et descentes , nous ne cesserons de traverser le plafond nuageux . Cette première journée est , malgré les chemins détrempés, assez plaisante , avec des paysages plutôt moyenne montagne , sous bois , prairies herbeuses, petits lacs , belles cabanes. Et au final , si on ne compte pas les arrêts , les 13h30 de marche annoncées seront avalées en à peine 6 heures; autrement dit , nous marchons plus de deux fois plus vite que ne l'indique le topo. Ainsi malgré des arrêts prolongés ( 2h30 au total) , nous arrivons au gite de la Martinette à 15h30 . Il faut dire aussi que nous marchons légers ( le sac d'Hélène doit peser 6 kgs eau comprise, le mien environ 7). Et nous avons pourtant tout l'indispensable pour 4 jours de marche. Nous retrouvons  le soir au gite 3 personnes que nous avons rencontrés en chemin , et dînons tous ensemble.




Jeudi matin : le temps n'est toujours pas formidable . Et nous avons encore une grosse journée avec environ 27 kms , 2000m de D+ et  1500m de D-, vers le refuge Habert d'Aiguebelle. Nous commençons par une toute petite grimpette de 1200 m de dénivelée (!) , pour arriver aux lacs des 7 laux . 
un peu de marche sur les mains pour reposer les pieds !

Une belle succession de lacs ( artificiels) . Petit arrêt pique nique puis nous continuons à grimper ( + 400 ) vers le col de la Vache à 2600 m . Montée raide dans des éboulis , et il commence à pleuvoir . On rencontre au sommet les traceurs de la course "l'Echappée Belle" qui aura lieu le lendemain : ils nous indiquent le tracé juste balisé qui peut nous mener jusqu'au refuge , moyennant un petit 250+/250- supplémentaire, mais dans une zone hyper sauvage : banco pour nous, et nous démarrons la descente dans des blocs énormes , devenus glissants sous l'averse qui tombe. On est hyper prudents , car glisser entre deux rochers à ce moment , peut vite casser une jambe ou un crâne. On aperçoit des bouquetins , mais on ne prend pas trop le temps de regarder le paysage , restant concentrés sur la pose de nos pieds et de nos mains , dans ce "chantier" . Et demain les trailers feront ça en course !

lac Cottepens ( les 7 Laux)

                                                      Hélène en bas du col de l'aigleton 



 Nous arrivons au refuge où une assiette de fromage du pays en guise de goûter nous rassasiera . Nous prenons une bonne douche bien chaude , discutons avec d'autres randonneurs , dînons dehors ( le temps s'est amélioré ) 


névé sous la brèche de roche fendue

Vendredi matin: lever encore hyper tôt , car outre la grosse distance et dénivelées qui nous attendent , nous souhaitons regarder passer les premiers de l'ultra trail , François d'Haene en tête. Il fait un temps superbe , et nous avançons bien au milieu des éboulis mais aussi des champs de myrtilles et de framboises sauvages .


les crêtes près du pas de la Coche, avec une (belle) statue au sommet





 En fin de matinée , nous nous positionnons dans une longue montée  pour voir arriver de loin les top guns . Comme prévu , c'est François d'Haene qui passe le premier , assez impressionnant à voir . Nous reprenons la descente et croisons ensuite les coureurs suivants . Arrivés en vue du refuge Jean Collet , Hélène aperçoit son pote (et ancien colocataire à la Réunion )Mickael , en 9eme position ! Nous nous posons au refuge , qui sert de poste de contrôle et de ravitaillement pour la course . Puis nous poursuivons notre longue journée par une succession de descentes et montées ( encore 2000 m de D+ ) par le col de la Sitre , le lac du loup , le lac Crozet , le col de la Pra pour arriver au refuge du même nom . Gros refuge CAF , ou pour la quatrieme fois ( en 4 jours) , nous bénéficions d'une chambre pour nous seuls ! La terrasse de ce refuge est orientée sud/ouest, elle mesure au bas mot 1000 m² , et domine une vaste plaine ( un pré , d'où le nom "pra" ) . 






                                                                           le Pra

                                                  la terrasse du refuge
coucher du soleil

Samedi matin : dernier lever tôt , petit dej au refuge et en route pour une petite étape de 11 kms et 1000m D- /300 D+ pour rejoindre Chamrousse où Valentin vient nous chercher. C'est une très belle section du GR , où nous apercevrons d'abord des chamois , 2 adultes et un jeune , très près de nous , puis des marmottes dans un pierrier : on les entendait siffler depuis 3 jours , mais nous n'avions pas encore réussi à en voir

                                                                             lac Robert

Au final , belle randonnée sur des terrains assez techniques, assez sauvages, peu de monde sur les chemins ou dans les refuges , bref plutôt sympathique ! Nous avons fait  , en 3 jours et demi , environ 90/95 kms et 7000 m de dénivelée . Equipés légers en version plus proche du trail-running que de la rando classique , ça passe sans soucis en ne sacrifiant absolument pas la pause pique nique et l'arrivée tôt dans les hébergements . Bon , Hélène marche maintenant plus vite que moi , en montée ; je tiens encore le tempo  en descente .

Particularité à signaler sur ce massif : il y a de nombreux refuges non gardés , parfaitement entretenus ( par l' association "tous à poele " )et super équipés ( matelas, couvertures , vaisselle, poele et bois, etc ) . Il est donc assez facile de randonner et se poser le soir au gré de l'humeur et de la distance que l'on souhaite. Il suffit juste d'amener un bon sac à viande ( ou un duvet léger) , et sa nourriture .